En 2005, le Compactor voit le jour et révolutionne le rangement avec son système sous vide permettant un gain de place de plus de 70% ! Aujourd’hui, le produit star de la marque éponyme souffle ses 16 bougies. Pour célébrer l’occasion, nous nous sommes entretenus avec son fondateur Giulio Epicureo qui revient sur la genèse, la philosophie et les défis actuels de l’entreprise familiale italo-française, aujourd’hui leader en Europe du marché des produits de rangement pour la maison.

C comme Courage
Quel a été votre parcours ?
Je suis issu d’une famille d’immigrés italiens qui trouvaient la vertu dans le travail et cultivaient le goût du risque. À 18 ans, je suis entré en fac de droit mais je m’ennuyais terriblement. Mon père travaillait dans le domaine de la brasserie. Je lui ai conseillé de s’installer à son compte, et d’offrir des produits que les consommateurs n’avaient pas. Le matin, j’allais donc à l’université, l’après-midi, j’emballais des colis pour La Redoute, et le soir, je donnais un coup de main à mon père. Je suis, par la suite, devenu représentant commercial dans une société de transport avant de monter ma propre boîte. J’avais un associé avec lequel nous importions des gadgets pour la maison que nous proposions à des entreprises de vente par correspondance. Tout allait bien jusqu’au début des années 1990 quand une longue grève de La Poste en France a donné du fil à retordre au marché de la vente par correspondance. Mon entreprise a pratiquement dû fermer ses portes. Cependant, j’ai su rebondir en m’orientant vers la grande distribution. J’ai été le premier à leur proposer des concepts de rangement venus des États-Unis comme les cèdres antimites à mettre dans les armoires ou des boîtes en carton à monter soi-même pour remplacer celles en plastique, plus courantes en magasins. J’en vendais par millions par an avant de me faire copier par les acteurs du marché qui ont baissé la qualité du produit pour casser les prix. À la fin des années 1990, mon entreprise était de nouveau en difficulté, il a donc fallu s’en sortir. J’ai eu l’idée de coordonner les boîtes en carton avec des housses et des armoires zippées que j’ai été le premier à ramener en France. Ces concepts complets d’accessoires de rangement ont peu à peu positionné mon entreprise.
O comme Organisation
Vous spécialiser dans le rangement était-il un choix ?
Faire du rangement et de l’organisation mon cœur d’activité était, en effet, un choix. Je me suis rendu compte que les maisons étaient toujours plus petites, qu’elles manquaient par conséquent de place. Comme les gens n’avaient plus de place pour installer une grande armoire dans leur appartement, ils ne savaient plus où mettre leurs affaires. Il existait donc une demande que les consommateurs n’étaient pas en mesure d’exprimer car il n’y avait pas de produits pour les aider. J’ai donc répondu à leur besoin de gain d’espace.
M comme Maison
Qu’évoque pour vous la maison ?
Pour moi, la maison correspond à un foyer quel qu’il soit. Qu’il s’agisse d’un appartement de 22 m² à Paris ou d’un château dans le Périgord, la maison est un lieu où l’on fait sa vie et qui mérite d’être bien décoré et rangé. Je fais en sorte de créer des produits de différentes matières et couleurs afin de répondre à tous les goûts et les porte-monnaie. Mon but est d’offrir une qualité accessible pour des consommateurs qui veulent du confort et se sentir bien chez eux. La maison est, selon moi, le cœur de la vie et du bien-être, c’est un endroit que l’on se doit d’aimer et où doit régner l’empathie. Or, cet espace avait tendance à être délaissé. La preuve, pendant le premier confinement, nos ventes ont augmenté car les gens se sont rendus compte que leur maison n’était pas assez entretenue par manque de temps. Quand ils ont dû rester chez eux, ils ont pu voir tous les défauts de leur maison qu’ils ne voyaient pas au quotidien, et ont commencé à la réorganiser.

P comme Produit
Lorsque vous imaginez un produit, quels sont les critères que vous prenez en compte ?
J’aime les produits qui ont une histoire et qui insufflent de la magie. J’affectionne particulièrement la phase de démonstration, qui est à mon sens essentielle. Quand j’assiste à des salons ou que je procède à des ventes, je fais en sorte de montrer le côté à la fois ludique et pratique de mes articles. Pour moi, il est important qu’ils soient utiles, j’ai horreur des produits qui ne servent à rien. Pour développer de nouveaux produits, il faut connaître les gens, leurs habitudes, leurs besoins et détecter ce qu’il leur manque. Je regarde ce qui se fait dans les autres pays, et s’il y a une bonne idée, je la ramène et l’adapte à mon marché. Il m’arrive aussi de créer de nouveaux concepts.
A comme Astucieux
Qu’est-ce que pour vous un produit astucieux ?
Un produit astucieux ou intelligent est tout sauf un produit inutile. Selon moi, il doit rendre un vrai service pour simplifier la vie des gens car ils manquent de temps. Ils doivent, par exemple, les aider à réaliser leurs tâches ménagères plus rapidement. C’est un produit pratique, efficace, ludique, qui sort du lot et se différencie par la magie. Et si en plus, il est esthétique, c’est parfait !
C comme Création
Quand vous est venue l’idée du Compactor ?
J’ai imaginé le Compactor au début des années 2000. À l’époque, mes deux meilleurs produits étaient les sacs sous vide et les housses de couette, et j’ai eu l’idée de les associer. J’ai essayé de vendre ce nouveau concept à la grande distribution française, en vain. J’ai ensuite joué le tout pour le tout et ai convaincu, toutefois, Carrefour de promouvoir une dernière fois le produit. J’ai alors réalisé un film explicatif en famille et loué des télévisions que j’ai installées dans les magasins de l’enseigne en France. J’étais persuadé que de montrer le fonctionnement et la magie du Compactor aux consommateurs allait faire exploser ses ventes. Je n’ai pas eu tort : en deux semaines, tout le stock de Carrefour était épuisé ! Vers 2007, j’ai peaufiné le système pour le breveter. J’y ai intégré un zip et une valve très performante permettant une compression plus rapide et verticale. Il m’est arrivé de vendre entre 15 et 25 pièces du Compactor à une seule famille. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il crée 70% d’espace en plus dans une armoire, ce qui est conséquent, en plus de protéger le linge contre les mites et de le préserver de l’usure du temps.

T comme Tribu
Quelle importance attribuez-vous à la famille ?
Je suis de culture italienne, et de l’autre côté des Alpes, on accorde naturellement une place importante à la famille. On l’écrit avec un F majuscule. Pendant l’Antiquité, le premier culte des Romains était la famille, elle était le fondement de leurs origines. Pour un Latin, la famille est donc un concept chargé d’histoire, synonyme de force et d’union. C’est pour cela que je travaille en famille. La division des tâches se fait en toute confiance. On compte chacun les uns sur les autres, et chacun donne un coup de main pour avancer plus vite et dans la même direction. Cet esprit familial, la convivialité et la confiance qu’elle suggère, je les transmets également à mon équipe afin de favoriser la proximité et rendre la communication plus fluide entre tous les membres de l’entreprise.
O comme Originalité
Comment vous différenciez-vous de la concurrence ?
Chez Compactor, nous nous efforçons de ne pas communiquer uniquement sur le prix. On défend, avant tout, la qualité du produit ainsi que son style et sa pérennité. Après, évidemment, il ne faut pas complètement oublier le prix. En ce qui nous concerne, nous essayons de le rendre raisonnable. Notre crédo est non seulement de proposer un bon rapport qualité/prix mais aussi d’utiliser une partie de notre marge pour contribuer à la recherche d’amélioration du produit, un paramètre souvent oublié par certains de nos concurrents. Je veux proposer le meilleur au meilleur prix à mes clients car j’estime que je passe un contrat de confiance avec eux dans lequel je garantie leur satisfaction.
R comme Responsabilité
Il y a quelques années, vous avez délocalisé votre usine à Madrid. Pourquoi ce choix ?
J’avais une usine en Chine et à la vue du contexte commercial, j’ai senti qu’il fallait partir. J’ai délocalisé mon usine à Madrid tout d’abord pour faciliter la logistique et privilégier le contrôle de qualité. Grâce à ce choix, nous avons eu un approvisionnement plus rapide et pu augmenter nos stocks. Pour couronner le tout, nous avons réussi à diviser par 10 notre empreinte carbone. Cette signature écologique n’a fait que nous convaincre qu’il s’agissait d’une bonne décision. Quand nous réfléchissons à l’amélioration d’un produit, l’aspect environnemental rentre évidemment en compte. Aujourd’hui, notre défi est de produire un Compactor composé uniquement de produits organiques, notamment un sac de compression à base de plastique recyclé. Les premiers prototypes ont été réalisés, on est aujourd’hui dans la phase d’essai.